La Ville de Montréal accompagnera 25 entreprises montréalaises  dans le cadre de la 2e édition du Pacte pour l’inclusion au travail des personnes immigrantes. Ce projet sera opéré par le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM), en collaboration avec le Pôle IDEOS de HEC Montréal. Les membres du corps professoral qui s’engagent dans le projet sont Luciano Barin Cruz, directeur du Pôle IDEOS et professeur titulaire, Sébastien Arcand, professeur titulaire, Marine Agogué, professeur agrégée et Kevin Johnson, professeur agrégé.

L’équipe d’IDEOS a rencontré Sébastien Arcand et Marine Agogué, deux des professeurs de l’École impliqués dans le Pacte depuis sa première édition.

Entrevue

Pourquoi avez-vous accepté de participer au Pacte ?

Sébastien Arcand : Je travaille depuis plus de 20 ans sur des enjeux liés à l’insertion socioprofessionnelle des personnes issues de l’immigration. Il était naturel que je me lie à ce projet. De plus, c’est la première fois que j’ai l’occasion d’œuvrer au sein d’une initiative qui met de l’avant l’idée et la méthodologie de « micro-expérimentation » comme vecteur de changement dans les organisations et de la société. Le Pacte m’apparaît à cet égard très novateur. Il est ancré dans les pratiques de gestion, autant que dans les besoins des organisations et des travailleurs (- euses) issu(e)s de l’immigration.

Marine Agogué : Ce sujet m’a immédiatement interpellée. Je suis arrivée il y a 8 ans au Québec avec une réelle envie d’offrir une contribution à cette province qui m’accueillait. Les personnes immigrantes sont une richesse pour les organisations québécoises, grâce à la diversité de perspectives et de connaissances qu’elles apportent. Pour autant, les inclure n’est pas chose aisée.

À qui s’adresse le Pacte ?

Sébastien Arcand : Le Pacte s’adresse à toute organisation désireuse d’inscrire ses pratiques de gestion des ressources humaines dans les quatre logiques d’ouverture à la diversité ethnoculturelle. Il permet de répondre à des besoins concrets en matière d’attraction, d’embauche, d’intégration, de rétention et de progression en carrière des travailleurs (- euses) issu(e)s de l’immigration.

La main-d’œuvre issue de l’immigration, et plus particulièrement de l’immigration récente, est un élément important de la croissance, voire de la survie de nombreuses organisations. Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, de nombreuses organisations montréalaises — pour ne pas dire la quasi-majorité d’entre elles — doivent emprunter ce chemin vers la diversité. À ce titre, améliorer ses pratiques de gestion de personnel est un aspect fondamental dans le virage interculturel à entreprendre.

Faire partie du Pacte, c’est également inscrire ses pratiques de gestion de la diversité au cœur des principes de justice sociale et de développement durable. La présence, sur le territoire québécois, de travailleurs (- euses) issu(e)s de l’immigration doit interpeller l’ensemble des actrices et acteurs économiques, politiques ou sociaux. Favoriser une meilleure attraction, embauche, intégration, rétention et progression en carrière de ces personnes, c’est aussi contribuer à renforcer le tissu socio-économique d’une métropole comme Montréal.

Concrètement, comment le Pacte a-t-il déjà aidé les organisations à mettre en place des actions pour l’inclusion des personnes immigrantes au travail ?

Marine Agogué : Lors de la première cohorte du Pacte en 2021, nous avons aidé les organisations à penser différemment la façon de voir l’inclusion des personnes immigrantes, à faire bouger les paradigmes pour imaginer des nouvelles façons de faire. Mais, surtout, le Pacte a permis d’expérimenter, au sein des organisations participantes, ces nouvelles façons d’inclure les personnes immigrantes.

« Le Pacte propose aux organisations participantes un plan d’action quotidien afin d’expérimenter et d’instaurer des pratiques dont les actions à court terme sont concrètes et précises (attraction, embauche, intégration, rétention ou encore progression en carrière), tout en développant une vision à long terme, plus stratégique. »

Sébastien Arcand, Professeur titulaire HEC Montréal

Sébastien Arcand : Oui, je crois que la première chose à retenir, c’est que le Pacte favorise une meilleure prise de conscience, donc une réflexivité, de la part des gestionnaires et de leurs organisations quant à la place qu’occupe la diversité ethnoculturelle dans leurs priorités et leurs plans stratégiques.

Revenons sur la notion de « micro-expérimentation ». Le Pacte propose aux organisations participantes un plan d’action quotidien afin d’expérimenter et d’instaurer des pratiques dont les actions à court terme sont concrètes et précises (attraction, embauche, intégration, rétention ou encore progression en carrière), tout en développant une vision à long terme, plus stratégique.

Les suivis effectués avec les actrices et acteurs des organisations et les interactions que ces derniers ont pu avoir avec des professionnels vivant des situations similaires ou non, ont certainement eu un effet bénéfique sur le partage et l’acquisition de connaissances et de compétences.

Selon vous, quels sont les points forts dans l’accompagnement du Pacte ?

Marine Agogué : Grâce au Pacte, les organisations participantes sont guidées, accompagnées pas à pas au travers d’un processus qui part de l’acquisition de connaissances pour aller jusqu’à l’implémentation de changements réels.

Sébastien Arcand : Les personnes de l’équipe qui œuvrent au sein de ce projet sont très complémentaires. Cela favorise une vision à 360 degrés des enjeux, des défis et des solutions à apporter. Cette complémentarité et cette diversité sont une richesse pour celles et ceux qui participent au Pacte. Les suivis auprès des organisations participantes sont constants et les membres de l’équipe sont disponibles pour assurer au besoin un accompagnement personnalisé. De même, le Pacte de par sa nature même insiste sur l’engagement des personnes et favorise leur implication tout au long de processus. Ainsi, je résumerai ces points forts par les termes suivants : complémentarité, engagement et compétences.